jeudi 12 avril 2012

Parce que le backpacking est trop mainstream...

Terre argentée, région d'Humahuaca, bus local.

Le Rêveur et moi, occupés à admirer le paysage et à écrabouiller des moustiques sur les vitres voyons soudain monter une tribu de ces individus communément appelés backpackerlingus babacoolus ou voyageurs du monde aux cheveux dreadlockés. Ils se déplacent en troupeaux, ils sont beaux, ils sont jeunes, ils ont des bobs péruviens, des sacs à dos et des bracelets tressés, bref, des aventuriers.

Ils s'asseyent juste devant nous et l'un d'entre eux s'adresse à nous, en engageant diplomatiquement la conversation par un "Yen a marre de croiser des français partout". 

Que répondre à une phrase si engageante..?

La conversation est lancée avec ce spécimen visiblement récent, puisque ses cheveux n'en sont qu'au stade des boucles sales. Nous apprenons donc au cours de ses récits magiques qu'il est un grand grand voyageur de la mort qui tue et qu'il fait le tour de l'Amérique du Sud avec les autres membres de sa tribu.

Rapidement, nous comprenons que le spécimen, loin d'être unique est pourtant très spécial. Il présente en effet une caractéristique fortement développée appelée "arrogance rarement égalée doublée d'un odieux mépris pour les touristes".

L'individu est tout bonnement insupportable.


- " Ouai, moi j'ai arrêté les études à quinze ans, j'suis en Amérique du Sud depuis 4 mois blablabla mais ça fait 4 ans que je voyage autour du monde blablabla woofing couchsurfing backpacking string parking curling blablabla aventure sac à dos, je ne sais pas de quoi demain sera fait blabloublilou dreadlocks blabla carpe diem blablou".

- Ah oui, tu voyages depuis 4 ans? Ouaou!!!! Je flatte ce jeune énergumène de 19 ans qui a pourtant l'air d'avoir déjà vécu plusieurs vies.


- "Je fais les vendanges dans le vignoble de ma mère pour me faire du fric puis je pars à l'aventure. J'ai passé un an en Angleterre, un an en Ecosse puis un an en Italie."
...

Woaouuuu sooo hardcore le voyage autour du monde! Je m'incline devant cet aventurier hors pair, qui m'apprend la géographie de l'Amérique Latine d'un air condescendant et se vente de parler quatre langues couramment. Nous pauvres touristes ne faisons pas le poids devant cet Indiana Jones des temps modernes.


-" Ah ouai, vous êtes là pour trois semaines, vous êtes juste en vacances, en fait". Nous lance-t-il plein de mépris.


- "Nan mais PETIT CONNARD DE PISSEUX DE PRE-ADO DE MERDE qui se dit voyageur de OUF tu veux m'apprendre la vie, à moi qui ai 10 ans de plus que toi et qui bosse depuis des années pour me payer des PUTAIN DE VACANCES? Mon pauvre ami NAN MAIS TU T'ENTENDS PARLER tu crois vraiment que ta vie est si incroyable que tu peux te permettre DE PRENDRE LES GENS DE HAUT nan mais TA GUEULE JE VEUX PLUS ENTENDRE TA VOIX SINON JE TE FAIS BOUFFER TON SAC A DOS.
C'est ce que j'ai rétorqué à l'intérieur de moi.


- "Heu, bah ouai, ya pas mal de gens qui font ça, on travaille, puis on part ensuite en vacances."
C'est ce que j'ai rétorqué en vrai.


-"Ouai nous en fait on vit au jour le jour, on en a marre de croiser des touristes tout le temps, on va plutôt hors des sentiers battus blablabla camping budget serré blabla guitare sur le trottoir blabla supers combines bliblablu". 

L'individu remonte sa manche, puis me montre solennellement son poignet.


"Et puis tu vois ce bracelet brésilien, on est en train d'apprendre à les faire et on va les vendre". 

Waoooouuuuuuuu p'tin alors là, tu m'achèves tellement t'es un inventeur de la mort qui tue. Des BRACELETS BRESILIENS que vous allez VENDRE AUX TOURISTES putain nan mais v'la l'idée de malade mental, tu vas révolutionner le monde des backpackers!!!

A cet instant, j'ai compris. Cet énergumène odieux pensait tout bêtement qu'il était unique.

J'en suis arrivée à la conclusion suivante : le backpacking c'est tellement mainstream que d'ici peu, les touristes reviendront à la mode.

8 commentaires:

  1. Trop puissant.
    J'ai ri beaucoup.
    Quels connards ces babacools.

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    1. Hihi! Et encore, c'est la version soft, je me suis grandement retenue pour plaire au lectorat.

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  2. Comme quoi, c'est quoi, c'est comme les punks à chiens, y a pas plus formatés que ces tristes sires..

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    1. Voui. Alors que nous, les touristes, nous nous diversifions et nous adaptons à notre environnement. Notre espèce survivra aux catastrophes naturelles et aux changements climatiques tandis que les babacool backpackers seront engloutis par les tsunamis parce que les bracelets brésiliens, c'est pas des gilets de sauvetage.

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    2. merci pour cette bonne tranche de rigolade

      au fait, je me suis "remise" aux bracelets brésiliens. jeanne et jojo adorent... je vais les mettre tous les deux au carrefour devant ED et ils vont les vendre en fait. pas de petit profit!

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    3. Avec leur trombine adorable, ils vont vendre, ils vont vendre!!!
      PS: moi je me suis remise aux scoubidous.......

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  3. Ah les beatniks, un vrai scandale.
    Je t'ai trouvée bien bonne avec lui. En vieillissant ma patience est plus que limitée.

    Cela dit je lui souhaite bonne chance dans la vente de bracelets brésiliens.
    Ah ah.

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    1. Mouhahahahaaaa! Au pire, ils se coupent des dreadlocks et ils les vendent.
      Un peu trash, mais still de l'art ethnique.

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